04 octobre 2016
Elle est la muse et l’amante, Milo. Tantôt féline, tantôt mystérieuse ou mélancolique. Une main aux ongles peints effleure un rideau de soie, une jambe en tension sur un escalier bariolé de traits, un corps penché sur les lignes de la ville, nu ou orné d’un porte-jarretelle. Vulnérable mais fort, au milieu de la forêt, sur un lit, d’un appartement, partout. Il n’y a pas d’histoires, mais les paroles des albums de Nicolas Comment jetées là, comme des indices à saisir par le lecteur-voyeur. Des indices ? Le photographe et musicien révèle ici plus qu’il n’en dit : il est l’amoureux transi, passionné, à la merci d’un désir ardent et d’un culte de la femme, l’individu au regard subtil qui décèle la poésie à travers un rai de lumière, le reflet d’une fenêtre ou le froncement d’un drap. Il n’y a pas d’histoires, non. Elles sont multiples et offertes sur un plateau de matières et de sens, à l’imaginaire. Milo est le troisième ouvrage de la collection desseins une adresse au corps, à la nudité, à la sexualité voire à la pornographie – réunie par les éditions chicmédias. Cécile Becker
Si j’ai, jusqu’alors, pris soin de séparer mes photographies de mes
chansons, c’est parce que j’ai toujours fait en sorte d’aborder ces deux
moyens d’expression dans leur autonomie et leur histoire propre, ce,
pour éviter qu’ils ne s’annulent. Je ne suis pas un touche-à-tout et
la modestie de la photographie – comparée au cinéma – ou l’humilité de
la chanson – comparée à la littérature ou à la grande musique – me
suffisent amplement.
Appréciant par-dessus tout la légèreté des cartes postales et la volatilité des chansons, je me suis rendu compte que la spécificité qui semblait au départ les
distinguer, en fait, les rapprochait. Ainsi, ces arts dits « mineurs »,
qui font appel tous deux à l’enregistrement par la vertu de la
reproductibilité technique, rendent possible un même rêve : perpétuer
un instant en lui redonnant vie indéfiniment. Charles Cros, lui, l’avait
compris très tôt en comparant la photographie avec le phonographe dans
son poème Inscription :
Comme les traits
dans les camées
J’ai voulu que les voix aimées
Soient un bien, qu’on garde
à jamais,
Et puissent répéter le rêve
Musical de l’heure trop brève
Le temps veut fuir, je le soumets.
Si je déroge donc ici avec plaisir à la règle que je m’étais donnée,
c’est parce que Bruno Chibane – en m’invitant à publier un livre de
photographies dans sa collection à caractère érotique desseins – m’a
poussé dans mes retranchements en me proposant de leur adjoindre des
textes. Je me suis donc laissé faire en lui proposant de publier ici
l’intégralité des paroles de mes chansons enregistrées.
Nicolas Comment
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Modèle Milo McMullen
Photographies et textes Nicolas Comment
INFORMATIONSlangue Français
16.7x22cm
114 p.
poids 320 g.
isbn 978-2-954485-23-2
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